De la pertinence des resserrements monétaires

La Réserve fédérale américaine fait de la lutte contre l’inflation galopante une priorité absolue, quitte à casser plus ou moins temporairement la dynamique de l’activité économique. En rythme annualisé, l’inflation a atteint 8,3 % aux Etats-Unis en avril et 8,1 % en Zone euro en mai. De son côté, la Banque centrale européenne compte suivre cette voie avec quelques mois de retard.

Dans ce contexte, la partie la plus longue des courbes de taux d’intérêt a donc continué à souffrir au cours du mois passé. En Europe, les taux souverains à 10 ans ont atteint des pics depuis 8 ans, soit des rendements de 1,57 % pour l’OAT française et de 1,12 % pour le Bund allemand. Aux Etats-Unis, le taux du T-Bond à 10 ans évoluait autour de 2,9 %.

Il convient de s’interroger sur l’efficacité des mesures de resserrement monétaire qui sont actuellement mises en place. Bien sûr, l’inflation se propage dans tout le spectre des prix, mais elle est très majoritairement tirée par des facteurs exogènes, à savoir la pandémie de Covid-19 qui a désorganisé les chaînes d’approvisionnement et la guerre en Ukraine qui a provoqué le chaos sur le marché des matières premières. C’est ainsi que nous traversons une période d’inflation aussi élevée.

Maintenant, sachant que les politiques monétaires sont des outils « lourds » qui, pour être bien compris, demandent du temps dans les prises de décision et plus encore dans leurs effets, la question se pose de savoir si elles sont des outils appropriés pour juguler une inflation d’origine exogène ? Rien n’est moins sûr, le risque étant qu’elles ralentissent une croissance mondiale fragilisée, sans pour autant calmer l’inflation. On parle alors de stagflation.

Dans ce contexte, les spreads de crédit – les écarts de taux entre les emprunts souverains et ceux d’entreprises – ont continué à s’élargir. Il est encore trop tôt pour envisager un allongement significatif des vies moyennes des portefeuilles obligataires, mais certaines obligations d’entreprises de long terme (supérieures à 5 ans) se présentent déjà comme des opportunités et valent la peine d’être achetées.

Sur les poches actions, le contexte appelant toujours à la prudence, nous pensons qu’il convient de s’en tenir à des réinvestissements progressifs dès qu’elles sont sous-investies (en-dessous de l’allocation-cible), sans chercher à anticiper une configuration particulière.