La résilience
Hier encore, à une centaine d’années-lumière derrière nous, nous étions à la croisée des chemins sur les marchés financiers. L’inflation, que les pays occidentaux appelaient de leurs vœux ces dernières années, s’était plus ou moins durablement installée, amenant les banques centrales à inverser leurs politiques monétaires très expansives. Et, dans un contexte de reprise économique généralisée, les gagnants d’hier en bourse – les valeurs de croissance – n’étaient plus ceux qui devaient être, jusqu’à ces derniers jours, les cracks de demain.
Mais voilà, en envahissant impudemment l’Ukraine, Vladimir Poutine – avec sa deuxième plus puissante armée mondiale – a déclenché une crise planétaire sans précédent depuis des décennies, en ayant manifestement mésestimé les réactions de l’Alliance transatlantique, de l’UE et, au-delà, de la communauté internationale, à l’exception de quelques pays. A juste titre donc, les investisseurs ont réagi, sans grande panique jusqu’à présent, à l’évolution du conflit.
En représailles à cette invasion, les sanctions économiques et financières occidentales à l’encontre du régime russe s’accumulent et s’annoncent dévastatrices pour son économie qui se trouve désormais « débranchée » du circuit international. Ainsi, sur la seule journée du 28 février, la devise nationale, le rouble, a dévissé de 23 % et, au cours des derniers jours, la Bourse de Moscou s’est effondrée de plus de 30 %, sans compter le blocage des transactions jusqu’au 5 mars. A ce stade, seuls les actifs purement russes font l’objet d’un vent de panique. Et, au-delà de ces actifs, de grands acteurs européens tels que Société Générale, Renault, Auchan ou encore la Raiffeisen Bank autrichienne, souffrent bien sûr de leur exposition plus ou moins forte au marché russe.
Des jours, des semaines d’incertitude nous attendent. Alors au risque de nous répéter, il est plus que jamais judicieux de suivre la règle d’or en matière de gestion de portefeuille, à savoir la diversification, source de résilience, sans jamais oublier que l’incertitude, lorsqu’elle est bien gérée, est toujours vectrice d’opportunités d’arbitrages et de réinvestissements.