L’amorce d’un retour aux fondamentaux
Depuis le début d’année, l’importance des banques centrales dans les processus de décision d’investissement a faibli. Une tendance qui, selon nous, s’est accentuée en mars. Pour autant, il ne faut pas croire que le meilleur est derrière nous. Encore une fois, les politiques de resserrement progressif de politique monétaire – taux directeurs et rachats d’actifs – sont rondement menées et s’adossent à des réalités économiques : la reprise de la croissance dans les différentes zones et le retour de l’inflation. Sur les marchés actions, les titres des sociétés cotées en Bourse sont impactés à court terme car les survalorisations accumulées grâce aux politiques monétaires laxistes se dégonflent peu à peu. En mars, la baisse significative des titres du secteur des technologies illustre parfaitement cette situation qui, pour autant, n’évoque pas celle de 2000 dans la mesure où les sociétés génèrent aujourd’hui des résultats. Pour la plupart des autres secteurs, le défi n’est pas du côté des émetteurs (sociétés) dont les rentabilités restent élevées et les perspectives de croissance en constante amélioration. Nous assistons simplement à un rapprochement entre valorisations boursières et valorisations d’entreprises. Le fléchissement des marchés d’actions s’est reflété sur les marchés obligataires avec un élargissement sensible des écarts de taux entre les dettes d’entreprise et les emprunts d’Etat, ce qui offre de nouvelles opportunités dans un marché où les rendements étaient devenus faméliques. Maintenant, la question est de savoir si les marchés parviendront à traverser cette zone de turbulence – sevrage des banques centrales et retour aux fondamentaux des entreprises – alors que des facteurs exogènes peuvent polluer à moyen terme la visibilité et la dynamique économique mondiale, à l’instar notamment des animosités commerciales perçues entre les Etats-Unis et la Chine.
3 avril 2018 – Benjamin Frazer