Le grand écart
En février, les taux ont joué les gymnastes. L’inquiétude galopante liée au Covid-19 a aidé l’envol des actifs les moins risqués, en particulier les emprunts souverains de très bonne qualité.
La courbe des taux aux Etats-Unis s’est à nouveau inversée (taux à 3 mois à 1,44 % et à 10 ans à 1,15 %, le 28 février), augurant un fort ralentissement de l’économie à court terme.
En zone euro, les emprunts d’Etat allemands et français tutoyaient leur plus bas niveau, atteignant respectivement -0,61 % et -0,29 % le 28 février. Dans le même temps, en cherchant à donner le juste prix aux actifs risqués (actions), les investisseurs ont paniqué, entraînant une chute massive sur la seule dernière semaine du mois : -11,49 % pour le S&P 500 et -12,39 % pour l’Euro Stoxx 50. Cette aversion au risque s’est matérialisée dans l’augmentation drastique de la volatilité des sous-jacents, mesurée par le VIX (l’indice de la peur) qui atteint en fin de mois son plus haut niveau depuis l’été 2015 marqué par le krach chinois.
Pour revenir sur le marché de taux en euros, les spreads de crédit (écarts entre taux d’émetteurs souverains et privés) se sont fortement creusés. Ce mouvement de grand écart a quasi égalé celui observé en 2016 à l’occasion de la dépression du marchés des matières premières. Toutefois, il s’est très majoritairement cristallisé sur les obligations high yield (haut rendement), plus risquées que les obligations investment grade (de bonne qualité).
Sans espérer récupérer les pertes sèches liées au ralentissement brutal de l’économie mondiale et surtout chinoise, les ripostes budgétaires et monétaires se mettent en place pour soutenir l’activité.
Ainsi, le 3 mars, la Réserve fédérale américaine annonce une baisse de ses taux d’intérêt d’un demi-point avant même la tenue de son Conseil le 18 mars prochain. Cette baisse surprise devrait satisfaire les marchés dans l’attente de plus amples données sur l’évolution de l’épidémie.