L’érosion du capital
Le mouvement apparu durant l’été sur le marché obligataire s’est nettement accentué en septembre : les obligations d’émetteurs souverains ont encore beaucoup souffert, les obligations d’émetteurs privés investment grade ont, quant à elles, été moins impactées et les obligations d’émetteurs privés high yield se sont à peu près maintenues.
Suivant le principe des vases communicants, ce mouvement s’explique par la crainte du retour de l’inflation (2,1 % en France, 4,1 % en Allemagne et 4,3 % aux Etats-Unis sur un an) qui fait basculer les rendements réels (après inflation) des obligations d’émetteurs souverains en territoire nettement négatif. C’est ainsi que, fin septembre, le taux d’emprunt à 10 ans de l’Etat français a atteint 0,15 % et, pour ses homologues allemand et américain, respectivement -0,2 % et 1,5 %. Par ailleurs, la meilleure santé des entreprises du fait du fort rebond des économies a favorisé le segment des obligations d’émetteurs privés.
A la crainte inflationniste s’ajoute depuis peu le risque de ralentissement économique, débouchant sur une stagflation. Sachant que le gros du rebond économique est derrière nous, la question se pose de savoir à quel rythme les économies mondiales vont traverser les prochains trimestres et années. A ce jour, quelques déceptions apparaissent déjà, notamment en Chine, premier pays sorti de la crise.
Dans le même temps, en fin de mois, les banques centrales n’ont manifesté aucune volonté de resserrer rapidement leur politique monétaire. La Fed a indiqué que l’économie américaine était loin d’avoir retrouvé le plein-emploi, condition préalable à tout relèvement des taux d’intérêt. De son côté, la BCE, qui n’interviendra pas sur les taux avant la Fed, indiquait qu’elle ne sur-réagirait pas à des chocs d’offre transitoires, notamment du fait des pénuries. L’univers monétaire des grandes zones industrielles reste donc très accommodant, ce qui constitue un moteur essentiel pour les marchés.