Négocier le virage avec prudence
L’environnement de forte inflation demeure. Les chiffres de septembre sont sortis pires qu’attendu (10 % en Zone euro et 8,3% aux Etats-Unis sur un an). Les banquiers centraux font de leur priorité la lutte contre l’inflation, même au prix d’un ralentissement prononcé de l’activité. A ce stade, le taux directeur principal de la Fed atteint 3 % quand celui de la BCE atteint 1,25 %.
De ce fait, les métriques d’activité en matière de consommation, production et investissements, se dégradent sur fond de spectre de récession qui se manifeste un peu partout dans les pays développés, tandis que les Émergents sont confrontés à des problématiques différentes.
En remontant leurs taux directeurs, les banques centrales agissent surtout sur la partie courte de la courbe des taux d’intérêt. Ainsi, sur le marché obligataire, cette courbe s’est déjà inversée aux Etats-Unis – ce qui signifie que les emprunts à 2-3 ans offrent des rendements annualisés supérieurs aux emprunts à 10-15 ans. En Zone euro, la courbe s’aplatit, dans une phase antérieure à l’inversion – ce qui signifie que le risque de prêter à long terme devient de moins en moins rémunérateur par rapport aux prêts de court terme. Cela traduit une anticipation de récession avant un redécollage du cycle économique consécutif à un assouplissement monétaire, c-à-d. à terme une baisse des taux directeurs.
Dans ce contexte de poursuite de la hausse des taux malgré les risques de récession qu’elle engendre, nous ne voyons pas encore de raison dans l’immédiat de rallonger de manière significative la vie moyenne de la poche obligataire des portefeuilles de nos clients. L’arbitre sera l’inflation et plus particulièrement la trajectoire qu’elle empruntera dans les prochains mois. Elle sera très probablement un point d’inflexion pour les marchés de taux.
Sur les marchés d’actions, habituellement, la récession est plus favorable aux valeurs dites de croissance. Une fois la récession passée, dans le rebond, ce sont les valeurs dites de rendement qui tirent normalement leur épingle du jeu. Toutefois, au vu de l’évolution très rapide et imprécise des contextes économique et monétaire, nous pensons qu’il est hasardeux de faire prendre à nos clients des virages trop serrés sur la poche actions de leurs portefeuilles. Ainsi, adopter une dominante croissance tout en maintenant une exposition rendement nous paraît la plus raisonnable et profitable des options à moyen terme.