Réajustements obligataires
Le ralentissement du rythme de progression de l’inflation constaté depuis l’automne dernier a marqué le pas en février. De part et d’autre de l’Atlantique, les niveaux d’inflation, globales comme sous-jacentes, stagnent et déjouent les anticipations de poursuite du ralentissement. Si l’énergie n’est plus la composante prépondérante de l’inflation, l’alimentation a désormais pris le relais en devenant le premier moteur.
La boucle prix-salaires – la hausse des prix qui alimente la hausse des salaires qui alimente la hausse des prix – n’est pas vraiment enclenchée, ce qui constitue une bonne nouvelle à ce stade.
La poursuite de politiques monétaires restrictives de la part des banques centrales reste souhaitable. D’ailleurs, ces dernières semaines, elles n’ont eu de cesse, à travers leurs discours, de rappeler qu’elles n’étaient pas au bout du chemin, contrairement aux vœux pieux des investisseurs qui s’emballaient un peu trop vite sur les perspectives de desserrement monétaire.
Les investisseurs se sont donc vus obligés de revoir leurs anticipations, ce qui s’est matérialisé principalement par une hausse des taux longs à des niveaux inédits depuis neuf ans. Par exemple, le rendement de l’OAT (emprunt d’Etat français) à 10 ans est passé de 2,74 % début février à 3,1 % en fin de mois.
En même temps, les perspectives de récession mondiale reculent, ce qui est de bon augure pour la croissance économique globale et les résultats d’entreprises, et qui peut expliquer la progression des indices actions, à l’inverse des indices obligataires. En Europe, le CAC 40 et le DAX 40 ont respectivement monté de 2,6 % et 1,6 % en février.
Cet environnement nous incite à rester prudents sur les poches actions, en particulier sur les grandes valeurs européennes, dans la mesure où les rebonds ont déjà été très forts depuis des mois, et intègrent probablement la majeure partie des bonnes nouvelles. Bien sûr, nous ne pensons pas que les marchés d’actions vont fortement reculer, mais plutôt qu’ils vont progresser beaucoup moins vite. Sur les poches obligataires, les faibles primes de risque offertes par les emprunts longs (supérieurs à 5 ans) nous confortent dans l’idée qu’il est urgent de patienter avant de rallonger significativement les vies moyennes.