TINA a du plomb dans l’aile

En ce début d’année, les investisseurs ont pris conscience que le resserrement monétaire est désormais une prochaine réalité qui devrait se manifester en premier lieu aux Etats-Unis. A l’occasion de sa réunion de janvier, la Réserve fédérale américaine s’est montrée très claire à ce sujet, en évoquant plusieurs remontées de taux au cours de l’année, à partir du mois de mars, au moment même où l’institution aura cessé ses rachats d’actifs nets. Tout cela semble normal, tant l’inaction en matière de politique monétaire n’était plus supportable au regard des dernières métriques macro-économiques de bonne facture – croissance de 5,7 % du PIB en 2021 (un record depuis 1984) après une baisse de 3,4 % en 2020, le retour du plein-emploi (3,9 % de chômage) – et sur fond d’inflation galopante (7 % en 2021).

La perspective de ce revirement monétaire, dont les modalités sont aujourd’hui mieux connues, a logiquement provoqué des ajustements de prix des actifs au cours du mois de janvier. En particulier, le marché d’actions a été le théâtre d’une nette sous-performance des valeurs de croissance par rapport aux valeurs de rendement. L’exemple le plus frappant est l’évolution, depuis le début de l’année, de l’action de Tesla, en baisse de -11,4 %, face à celle de l’action Renault, en progression de +14,3 %. Maintenant, dans un contexte de reprise économique, absolument « toutes » les entreprises – et pas uniquement les valeurs de croissance, majoritairement insensibles à ces cycles – sont capables de capter de la croissance, dès lors qu’elles sont correctement positionnées. Cela étant dit, il appartient à l’investisseur « moyen » d’arbitrer, car les valeurs de croissance deviennent très « chères » (en multiple de valorisation par rapport au bénéfice-PER-notamment) dans les contextes économiques et de taux évoqués.

Pour conclure, l’adage TINA – « There Is No Alternative » aux marchés d’actions pour obtenir de la rentabilité – a du plomb dans l’aile car, dans un contexte avéré de remontée des taux, la prime de risque des actions par rapport aux obligations va se révéler moins lucrative. De son côté, le marché obligataire va redevenir « An Alternative » pour bon nombre d’investisseurs qui, jusqu’alors, le jugeaient trop peu rentable. Cela pourrait adoucir la remontée des taux sur les emprunts les plus « rentables », de préférence les emprunts d’entreprises à ceux d’Etats et à commencer par les souches libellées en dollars.