Un court terme brumeux
Le contexte sanitaire s’est brusquement dégradé dans la seconde moitié du mois de novembre. A ce stade, il est difficile d’évaluer précisément l’impact du variant Omicron sur l’économie. Sur fond d’incertitudes, les marchés d’actifs risqués – les actions dites cycliques – ont donc souffert tandis que les marchés d’actifs moins risqués – les obligations d’émetteurs souverains – ont progressé. C’est ainsi que sur le marché français, le CAC 40 a reculé de 1,6 % quand le taux d’emprunt d’État à 10 ans est passé de 0,28 % à 0,02 % en novembre. Logiquement les spreads de crédit se sont élargis sur les marchés de taux.
Autre sujet préoccupant du moment, l’emballement de l’inflation de part et d’autre de l’Atlantique – qui atteint 4,9 % en zone euro et 6,2 % aux États-Unis sur un an – alors que la Fed reconnaît désormais que l’inflation ne sera pas aussi temporaire qu’escompté. Le suivi de la courbe des hausses de salaires, qui rendent l’inflation durable, sera déterminant.
Cette actualité va compliquer le travail des banques centrales au cours des semaines et mois à venir. Leur mandat principal étant d’assurer la stabilité des prix, elles devraient donc remonter leurs taux directeurs pour s’y conformer. Toutefois, une remontée trop brutale et/ou trop profonde des taux s’accompagnerait d’effets pervers peu maîtrisables, sur l’emploi notamment, qui pourraient in fine conduire à une situation déflationniste. Or, ce n’est pas non plus le souhait des politiques que d’enrayer la dynamique de reprise qui reste, nous le voyons bien, encore fragile à ce jour.
Dans ce contexte de court terme brumeux, il est plus que jamais nécessaire de revenir aux fondamentaux dans la gestion d’un portefeuille, et de se concentrer sur le respect des allocations-cibles prédéfinies. C’est le meilleur moyen d’éviter l’effet « porte de saloon » : se désinvestir massivement avant le rebond ou l’inverse. Cela n’empêche pas de rester attentifs aux opportunités qui sont rares par nature.