Une courbe des taux encore trop anormale

L’inflation a reflué un peu plus que prévu en mars : en zone euro, l’indice des prix à la consommation progresse encore de 6,9 % sur un an (contre +7,1 % attendu) ; aux Etats-Unis, l’inflation sous-jacente tombe à +4,6 % sur un an (contre +4,7 % attendu).

Les turbulences qui ont secoué le secteur bancaire, de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis au Crédit Suisse en Europe, se sont certes dissipées dans la seconde partie du mois, mais les grandes banques européennes ont accusé une forte baisse de leur valeur en Bourse sur le mois de mars. Au global, les marchés d’actions ont été plutôt stables, voire positifs (+0,75 % pour le CAC 40).

Aux Etats-Unis comme en zone euro, les courbes des taux d’intérêt des emprunts souverains demeurent inversées : c’est-à-dire que les taux courts (1-2-3 ans), en rythme annualisé, sont plus élevés que les taux longs (8-9-10 et plus encore). Certes, cette situation dure depuis des mois, mais n’est pas tenable car anormale, si l’on tient compte de la logique financière, plutôt saine, selon laquelle la prise de risque de prêter à long terme doit être mieux rémunérée que celle de prêter à court terme.

En matière d’investissement, depuis plusieurs mois maintenant, le bon positionnement consiste à rester investi sur des portefeuilles obligataires courts. Deux événements sont susceptibles de changer la donne et d’inciter à « acheter long » : soit un ralentissement économique conduisant à une baisse de l’inflation, elle-même justifiant un assouplissement des conditions monétaires restrictives ; soit une pentification de la courbe des taux par la hausse des taux longs – la baisse des taux courts étant peu probable d’ici à cet été.